M. Gauthier TUMPICH
Soutiendra vendredi 10 octobre 2025 à 14 h
Salle 126 à l’Université de Montpellier Paul-Valéry, Site Saint-Charles 2
une thèse de DOCTORAT
Discipline : Philosophie
Titre de la thèse : Les buts ultimes de l'individu après la perte de la foi. Hegel, l'athéisme et le nihilisme
Composition du jury :
- M. Louis CARRÉ, Chercheur qualifié, Université de Namur (Belgique)
- Mme Mildred GALLAND SZYMKOWIAK, Directrice de recherche, CNRS
- M. Gilles MARMASSE, Professeur, Université de Poitiers
- M. Emmanuel RENAULT, Professeur, Université Paris Nanterre
- M. Olivier TINLAND, Professeur, Université de Montpellier Paul-Valéry, directeur de thèse
Résumé de la thèse :
La perte de toute croyance religieuse rend-elle la vie humaine vaine ? Dans la présente étude, nous montrons que, dès 1794, Hegel rompt avec le christianisme, mais considère encore, avec Kant, que la croyance en un Dieu moral et celle en la vie après la mort sont des postulats de la raison pratique. Cependant, en 1795-1796, il renonce à ces croyances et n’y revient plus jamais. Il veut alors, pendant deux ou trois années, contribuer à l’émergence d’une nouvelle pensée religieuse sans transcendance, fondée sur le lien vivant entre êtres humains. Au même moment, en France et en Allemagne, on assiste à l’essor de l’athéisme, et vers 1800, plusieurs auteurs, dont Jacobi, développent l’idée suivant laquelle la conséquence éthique de l’athéisme est une absolutisation désespérante du néant, faisant perdre tout intérêt à l’existence humaine. Selon Jacobi, il faut choisir : soit Dieu, soit le néant. Hegel réagit à cette situation en soutenant qu’il existe une troisième possibilité. Il s’oppose ainsi d’une part aux pensées religieuses qui prétendent rompre avec l’héritage des Lumières en se fondant sur une révélation, et d’autre part à l’athéisme naturaliste, incapable de produire un contenu normatif consistant, non-contingent. D’après Hegel, la subjectivité moderne a effectivement atteint le point de vue de la vanité, de la vacuité radicale, mais elle peut en sortir et retrouver un contenu : la philosophie de l’esprit surmonte le nihilisme en développant une connaissance de « l’absolu » au sein de la vie présente.
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Does the loss of all religious belief render human life meaningless? In this study, we show that, as early as 1794, Hegel broke with Christianity but still considered, along with Kant, that belief in a moral God and in life after death were postulates of practical reason. However, in 1795-1796, he renounced these beliefs and never returned to them. For two or three years, he then sought to contribute to the emergence of a new religious thought without transcendence, based on the living bond between human beings. At the same time, in France and Germany, atheism was on the rise, and around 1800, several authors, including Jacobi, developed the idea that the ethical consequence of atheism was a despairing absolutization of nothingness, rendering human existence meaningless. According to Jacobi, one must choose : either God or nothingness. Hegel reacted to this situation by arguing that there was a third possibility. He thus opposed, on the one hand, religious ideas that claimed to break with the legacy of the Enlightenment by relying on revelation and, on the other hand, naturalistic atheism, which was incapable of producing a consistent, non-contingent normative content. According to Hegel, modern subjectivity has indeed reached the point of vanity, of radical emptiness, but it can escape from it and regain content: the philosophy of spirit overcomes nihilism by developing a knowledge of the “absolute” within present life.