Offre de thèse en sociologie
Socio-exposome et One Health, dans les sociétés agricoles africaines en transition.
Contexte
Après le concept d’exposome proposé par Wild en 2005, Senier et al. (2017) ont proposé celui de socio-exposome dans le but de mieux prendre en compte les facteurs sociopolitiques qui favorisent l’exposition et/ou limitent la prise en charge de l’exposition des collectifs à un ensemble de risques sanitaires et dans une approche de santé environnementale. Cette ambition converge en partie avec d’autres approches visant une intégration de sciences biomédicales, environnementales et sociales, à travers les concepts One Health et Ecohealth (Zinsstag 2020), celui de résilience des socio-écosystèmes (de Garine et al 2021), ou encore l’approche syndémique (Singer 2010, Rock et al 2009).
Si chacune de ces approches met en avant le rôle attendu des sciences sociales, il manque encore cependant de la part du champ des sciences sociales lui-même (sociologie, anthropologie, ethnographie) de clarifier quelle peut être sa contribution théorique et méthodologique.
Objectifs
L'objectif de cette thèse est d'apporter une contribution, depuis les territoires des sciences sociales, à l'opérationnalisation du concept de socio-exposome, mais aussi de dépasser certaines de ses limites, notamment par un rapprochement avec le concept One Health/ Une seule Santé, pour une approche moins anthropocentrique, davantage multispécifique et écosystémique du concept d'exposome. Il s'agit de construire ce cadre opératoire in itinere, en étudiant d'une part comment différents groupes sociaux appréhendent les risques auxquels les soumettent leurs environnements domestique et professionnel, mais aussi comment ils perçoivent les interactions entre leur santé, celle des autres espèces et plus généralement l'état des écosystèmes. Les groupes sociaux qui nous intéressent sont les populations rurales d'agriculteurs-éleveurs et leurs familles, vivants au Mozambique dans des socio-écosystèmes riches en biodiversité (étudiés dans le cadre du projet OLOH ‘One Limpopo, One Health’) L'ambition en s'adressant à ces populations est de capter une diversité de risques liés à l'évolution locale des systèmes agricoles et alimentaires, y compris les risques zoonotiques et nutritionnels, mais aussi ceux liés à l'utilisation d'intrants chimiques (c'est-à-dire les pesticides), en lien avec l'évolution de l'occupation du sol et des relations avec les autres espèces (sauvages et domestiques).
Cette thèse devra permettre d'appréhender la dynamique de ces interrelations, telle qu'elle est perçue par les «personnes à risqus » en lien avec les transitions en cours : transition des systèmes de production (intensification des systèmes agricoles et d'élevage , aménagement des périmètres irrigués), transition alimentaire (changement de diversité alimentaire dont diminution de la part d'aliments sauvages dans l'alimentation), transition des écosystèmes (changement climatique, déforestation). Le choix de ces domaines se justifie également par le fait que l'Afrique reste un champ d'études négligé pour les études de santé intégrées, même si nombre de personnalités qui ont contribué à ces approches se sont inspirées de leur expérience de travail avec les populations pastorales africaines. Cette thèse sera conduite en parallèle d’autres thèses menées dans le même cadre, sur d’autres terrains africains (Guinée, Zimbabwe, Gabon) et permettra ainsi la comparaison de différents contextes sociopolitiques et culturels africains.
Approche proposée
La dimension sociale du socio-exposome sera abordée à partir de 3 composantes :
- représentationset savoirs locaux,
- inégalités sociales d'exposition,
- dynamiques sociales, économiques et politiques créant de nouvelles sources d'exposition.
Les expositions prises en compte sont celles liées aux changements des systèmes alimentaires (de la production à la consommation) et aux changements environnementaux associés (notamment liés au changement d'affectation des sols : déforestation, irrigation, perte de biodiversité). L'approche est dynamique et systémique : l'objectif est
- d'aborder les tendances d'exposition aux risques syndémiques environnementaux dans un contexte de multi-transition et à différentes échelles (micro/macro); et
- mettre en évidence différentes configurations (bio-sociales) et trajectoires de changements affectant la nature des risques environnementaux, leur intensité et la vulnérabilité sociale à ces risques.
L'approche mettra également l'accent sur la diversité sociale, notamment en relation avec l'inégalité d'exposition des individus et des ménages aux risques sanitaires et d'accès aux soins de santé.
Direction de la thèse
FIGUIE, Muriel. CIRAD ES, UMR MoISA
Ecole doctorale d’affiliation: ED 60, , « Territoires, temps, Sociétés et Développement », Université Paul Valery, Montpellier 3
Profil souhaité
• Master de sociologie ou anthropologie
• Capacité à travailler dans un environnement interdisciplinaire
• Aptitude et disponibilité à mener des recherches de terrain sur de longues périodes à l'étranger(Mozambique)
• Maîtrise des méthodes d’enquêtes et des logiciels de traitement de données qualitatives (type Nvivo)
• Langues : bonne maîtrise du français, de l’anglais et portugais
Candidatures
Les candidatures ou demandes d’informations complémentaires sont à adresser à: muriel.figuie@cirad.fr
Les dossiers de candidatures devront inclure une lettre de motivation, un CV et le relevé de notes de master.
Date limite de candidature : 30 juin 2023
Cette offre de thèse est dépendante de l’obtention d’une réponse positive à l’appel à projet Doctoral Nexus 2023, soumis à l’Institut ExposUM